Pour raconter la France, on peut s’en tenir à ceux qui sont censés l’incarner, la représenter. Ci-dessous Georges Pompidou, face une sculpture de Giacometti [(c) F. Pagès] . Si le président ancien banquier (comme Macron) entrouvrit la porte de chez lui pour se faire photographier jouant au flipper - ce qui est le début de l'atteinte à l'image présidentielle- Georges Pompidou aimait vraiment l'art, la littérature, à l'inverse des histrions qui ont placé Johnny Hallyday avant Apollinaire, juste pour amasser plus de bulletins de vote. Le seul domaine dans lequel la France maintient son niveau c'est la médecine. On meurt en bonne santé si l'on peut dire !
De Gaulle : quand la France était aux mains des Allemands, il a dit la France c’est moi. Rien à voir avec de la communication. Il avait tant son pays dans la peau qu’il était persuadé d’être la France exilée à Londres. Il avait 100 % raison. Fin lettré, sens de la formule. Belle plume et grand orateur. Hors concours, en raison de la condition historique: guerre mondiale.
Pompidou : la mort l’a empêché d’accomplir la totalité de sa présidence. Normalien et agrégé, il n’a publié qu’une Anthologie de poèmes (1961) .... quand il n’était pas président. C’est dire son éthique ! Sa femme, Claude, et lui étaient deux vrais passionnés de l’avant-garde de très bon goût. Le centre Beaubourg est sa création. Lors de sa présidence, il nomma Jacques Duhamel à la culture, un politicien de haut parage. (On n’en dira pas tant de son fils Olivier.)
VGE : a désacralisé la fonction présidentielle avec l’accordéon et sa fausse promiscuité auprès du peuple. Ses ouvrages sont écrits avec une truelle, ce qui signifie qu’il était un mauvais lecteur de Maupassant, brillantissime styliste. A participé à évincer de Gaulle du pouvoir. N’a pas été à la hauteur de son bilan plutôt favorable.
Mitterrand : vrai grand lecteur, bibliophile reconnu. Savait tenir une plume. Sa bibliothèque contenait tous les grands auteurs de droite de la littérature française. Menteur professionnel : gravement malade sans le dire, maîtresse attitrée cachée et fille révélée sur le tard. Donc on a voté pour quelqu’un qui masquait la réalité.
Chirac : a voulu être président de la République par ambition personnelle. Politicien de métier. N’a pas eu la prétention d’être écrivain. Dans son premier gouvernement (1974) confia la culture à l’excellent Michel Guy, ami de Pompidou. Très sensible à l’esprit, il aimait passer pour un inculte, soit la vengeance du Corrézien sur les Parigots.
Sarkozy : a considérablement dégradé la présidence de la République. Au prétexte de jouer cartes sur table s’est agité en tous sens, s’adressant à des inconnus par des formules très vulgaires. Bling bling, people… Bigard plutôt que Devos. Depuis qu’il a quitté l’Elysée publie sans cesse des bouquins pour maintenir la marque Sarkozy dans le système économique. Une prose de songe-creux qui se prend pour un Pic de la Mirandole.
Hollande : un accablement sur toute la ligne. Que peut-on sauver ? Indéniablement, il n’a pas l’appât du gain. N’a jamais été pris dans des affaires d’argent comme tant de ses prédécesseurs. Hormis ce bon côté, il a raté sa présidence dont il ne reste que sa sortie en scooter vers sa maitresse. Pitoyable. A aussi le prurit de la publication. Un accablement de plus. Ses ministres de la culture ? Qui s’en souvient ?
Macron : série en cours. A déjà prévenu qu’il écrirait à la fin de son passage à l’Elysée, histoire de faire fructifier sa notoriété, comme le font ses deux prédécesseurs. Comme si écrire était l’occupation des oisifs. C’est une injure aux écrivains qui ont fait dont de leur personne à la littérature et non pas l’inverse !
-A lire : Pour l’amour de l’art, une autre histoire des Pompidou. Alain Pompidou, César Armand. Plon/ L’Abeille, collection de poche, 300 p., 9 €
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