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Merci Monsieur Anquetil (1934-1987) d'avoir enchanté mon enfance

Jacques Anquetil vivait comme il voulait, ne se priver de rien. Il pouvait manger comme un ogre avant une étape de montagne, un repas bien arrosé. Et il gagnait, lui. L'as des as. Anquetil était le champion préféré du général de Gaulle. Entre géants, on se reconnaît.

Merci, merci, merci.

Monsieur Anquetil, maître Jacques.

Il paraît que vous êtes mort.

Pas pour moi.

Merci, merci, merci, d'avoir enchanté mon enfance.

Avec vous, je n'étais jamais déçu.

Roi sur le vélo et en dehors.

Une vie à faire passer tous les scénaristes pour les derniers des conformistes.

Sur le vélo, vous étiez un trait de lumière.

Plus beau ce n'est pas possible. Vous avez réussi à égaler la beauté de Coppi.

Vous n'étiez pas un champion de pacotille, un de ces bons à rien des années 2000 qui gagnent une course et puis se comportent comme une lanterne rouge.

Rien que des frileux. Des bas de gamme. Des avortons sans spiritualité.

L'un se réserve pour le Tour de France qu'il ne gagnera jamais.

L'autre est meilleur dans les reportages que dans les courses.

Celui-ci a besoin de se teindre les cheveux en blond pour donner l'illusion qu'il brille.

Celui-là gagne plus d'argent qu'il ne gagne de trophées.

Les deux derniers grands champions ont été traités comme des voyous. Pantani et Armstrong ne roulaient pas à l'eau claire, comme vous.

Les cyclistes sont des champions hors normes. Ceux qui sont dans les normes ne font rêver que leur famille. On les oublie déjà alors qu'ils sont en activité.

Merci, merci, merci. D'avoir fait tout ce que vous avez fait.

Vous avez écrit votre palmarès comme un écrivain invente sa biographie.

Malraux a dit que le cinéma était aussi une industrie. Pour un Jean Vigo combien de films débiles à grand succès ?

Le sport aussi est devenu une industrie. Les produits économiques pleuvent. Si le plus pipole boycotte une compétition, les médias paniquent parce qu'ils ont les yeux rivés sur l'audimat et non pas sur les champions qui n'existent plus.

Quand ils ont voulu éradiquer le dopage, ils ont dit: "Il y a toujours autant de monde devant les télévisions..." Ouf ! L'argent est toujours là.

Maintenant, ils chuchotent, sous cape :"X et Y gagnent de manière bizarre..."

Ils continuent de se poser des questions, mais niveau panache, tintin !


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