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Maestro Sempé (17 août 1932-11 août 2022)


Il est parti six jours avant ses 90 ans.

Je l'ai vu une fois. Il regardait des tableaux au Grand Palais. Une exposition consacrée à l'évolution du dessin depuis la préhistoire, quelque chose dans ce genre.

Il était seul. Personne ne le reconnaissait. Je l'ai suivi discrètement, et dès que je l'ai vu déambuler sans s'attarder devant un oeuvre, je l'ai abordé:

- Bonjour... Vous devriez avoir un dessin dans cette exposition...

- Ah! vous croyez...

- Soyez assuré. C'est une grave lacune des organisateurs... Vous n'êtes pas un amuseur, un humoriste pour magazine, mais un très grand artiste.

- Vous êtes gentil...

- Non, pas du tout. Votre place est ici, mais pas comme visiteur. Au revoir. Ravi de vous avoir parlé.

Je vous dis tout ça de mémoire.

Sempé est un virtuose. Un as du dessin.

Il est de la famille de Chaval et Bosq, en moins désespéré.

Comme Charles Trenet face à Brel et Léo Ferré.

Il est plus Cartier-Bresson que Doisneau.

Dans le dessin de presse , il y a aussi Jacques Faizant et Reiser qui comptent.

Dans le même registre que Sempé, Albert Dubout est bien sûr très important.

Sempé est plus qu'un dessinateur de presse. Il y aussi une filiation avec Jacques Tati.

Son oeuvre, longue et belle, est aussi celle d'un sociologue qui ne barbe pas son public.

Ses dessins sont tous perceptibles. On n'en dira pas autant de ceux qu'on nous représente comme ses héritiers. Sur 10 dessins, on n'en comprend pas 3. Ils devraient mettre des décodeurs !

Tous les dessins de Sempé sont profonds et amusants, souvent mélancoliques.

La couleur est aussi à prendre en considération.

Il savait faire des gros plans et aussi des vues de haut.

Un fin observateur de ses contemporains.

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