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Quoi de neuf ? Georges Brassens...

Fête de la Musique ? Défaite plutôt... Ils nous cassent les oreilles. Mieux vaut écouter les Stones, Charlebois, Dylan, les Beatles, Trenet, Barbara, Brel, Bowie, Baez, Ferré et Brassens.


Je pouvais rester des heures à regarder une pochette. Je peux toujours. Regarder un CD ? Moins d'une seconde.

Avant même d’être connu et reconnu, Georges Brassens s’inscrit à la SACEM pour y déposer ses chansons, comme l’écureuil se confectionne une provision de noisettes dans le trou d’un arbre, comme la fourmi amoncelle les miettes. On n’est jamais trop prudent. Cette mise en conserve prouve que Georges Brassens était sûr d’avoir quelque chose à dire et à écrire. En attendant les trompettes de la renommée, en 1942 il mettait à gauche les adroites émotions qu’il mettra aussi sur des partitions. La moisson du talent de l’auteur-parolier a commencé en 1938.

De 1942 à 1949, il a déposé soixante-huit chansons, toutes réunies dans le volume qui vient de paraître, au Cherche Midi. De sa belle écriture d’écolier, comme celle d’Antoine Blondin. (Il faudrait publier un livre avec une page manuscrite de chaque écrivain). Ses chansons ne sentent jamais le labeur, ni la sueur alors que sur scène il transpirait d’angoisse et d’effort surhumain pour combattre le trac. Il a mis des années à fignoler certains titres. Ce n’est pas qu’il n’avait pas confiance en lui. Il trouvait ça trop m’as-tu-vu de faire le beau sur scène bien qu’il aimait ceux qui l’aimaient. Cet homme avait la classe, la grande classe. Le moule est cassé. En salopette, il était toujours élégant. Torse nu aussi.

Georges Brassens était un écrivain, un très grand écrivain. La chanson nous en a donné d’autres : Trenet, Brel, Ferré, Béart, Aznavour, Ferrat, Lemarque, Barbara, Lapointe… Je rajoute Pierre Delanoë qui a aussi créé de sacrées chansons. Un écrivain c’est quelqu’un qui écrit, pas forcément des romans. Seul le talent compte. Le style. Ce qui nous vrille le coeur ou l'âme, ou les deux en même temps. La chanson ce n’est pas que de la chansonnette, n’en déplaise à Gainsbourg qui savait aussi tenir un stylo. Une chanson c’est comme un livre ramassé, un film résumé. La chanson est une mathématique du cœur et du langage.

Pour le centenaire de la naissance de Brassens, Jean-Claude Lamy publie un album du poète qui fumait à vélo qu'il pratiqua toute sa vie. "Parfaitement infidèle sauf en amitié" aimait dire René Fallet sur son ami. Le biographe a vu les derniers témoins du Sétois dans sa ville natale. L'amitié fut au centre de sa vie: Jacques Grello lui offrit sa première guitare. Patachou lui donna un coup de main. Et ce fut parti pour ne plus s'arrêter. Quant à Jeanne et Marcel, ils l'ont hébergé impasse Florimont, dans une vraie basse-cours. Le plus bel endroit du monde. Brassens n'était rien, comme on dit. Il n'était rien mais il avait tout.

Brassens reste un phare. On peut le lire. Tout sonne juste. Sonne authentique. On ne perd pas son temps. Quand on entend les gloires de 2021, le mieux c’est d’acheter des boules Quies. Ils braillent. Anonnent. Inaudible. Ce n’est que des âneries. Pour un Stromaes combien d’imposteurs ! Beaucoup de vedettes. Aucun artiste. Il nous reste Souchon, Lama et puis qui ? Brassens, pardi ! Plus immortel que tous les vieux débris actuels du quai Conti qui jadis accueillait Cocteau, Pagnol et Kessel. En 2021, sous la coupole même les jeunes sont vieux. Ils devraient écouter Supplique pour être enterré... Cela pourrait leur apprendre à écrire.


-Premières chansons (1942-1949), Georges Brassens. Edition de Jean-Paul Liégeois. Prologue Gabriel Garcia Marquez. Introduction de Cl. Richard. Cherche Midi, 192 p., 14 €

-Brassens par Brassens, Loïc Rochard. Prologue René Fallet. Cherche Midi, 272 p., 14 €

-Brassens. Auprès de ses arbres. Préface de Clémentine Deroudille. Jean-Claude Lamy, L'Archipel, 144 p., 29, 95 €. L'album contient un CD de 10 titres dont "Les voisins", chanson rarissime.


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