Le documentaire sur Platini est du publirédactionnel
J'ai regardé Platini, le dernier romantique. Très mauvais titre. Platini lui-même dit qu'il était un "tueur" sur le terrain. C'est à dire quelqu'un qui veut gagner.
Ce documentaire est un plan com. Il sert à lui redorer le blason terni par l'affaire de l'argent donné par Blatter.
Cette émission ressemble aux interviews du général de Gaulle par Michel Droit. Le présentateur est dans le rôle du faire-valoir, un attaché de presse. On apprend qu'il sollicite souvent Platini pour l'inviter dans une émission . Platini lui promet que lorsqu'il aura décidé de son futur il répondra favorablement à l'invitation.
Donc Le dernier romantique n'est consacré qu'au joueur, aux années 1972-1987.
Contrairement au présentateur qui croyait que Platini était un adolescent star comme Maradona, l'ex joueur de Nancy relate bien que dans sa jeunesse le football ne plaisait qu'aux vrais connaisseurs. La médiatisation est venu grâce à St Etienne puis grâce à la France d'Hidalgo et Platini.
Bien sûr ce documentaire et ce que dit Platini ensuite fait plaisir car le voir est toujours un plaisir. L'intelligence n'est jamais agaçante. Il nous change des discours indigents de la génération actuelle qui ne sont que dans la construction médiatique par les réseaux sociaux. Pogba est un catalogue de coiffures, et Griezmann ne sait pas dire trois mots sans prononcer "Voilà!" en veux-tu en voilà. Les champions du monde 2018 ne laisseront aucune traces dans nos mémoires, à l'inverse de Bats, Battiston, Bossis, Amoros, Giresse, Tigana, Rocheteau et Platini.
Platini a de la mémoire, il sait rendre hommage à ceux qui ont fait du bien au football: Rocher-Garonnaire-Herbin (St Etienne) et Boulogne-Sastre-Hidalgo (FFF), deux triumvirats très importants. Sans remonter aux pionniers comme Hanot et Gambardella, je rajoute Batteux-Snella-Pibarot, trois autres hommes capitaux avec Kopa et Piantoni qui sont l'équivalents de Coppi-Batarli et Anquetil-Poulidor, en cyclisme.
Pour le reste, Platini confie qu'il a aimé organiser la Coupe du Monde, en France, de 1992 à 1998. Qu'il a aimé être sélectionneur. Le reste ? Tout le reste, dont les affaires, pas un mot, chut. Il ne s'agit que de "Bureaucratie", dit-il lui-même.
Platini a été un très grand joueur. Je n'ai jamais manqué un de ses matchs au Parc des Princes et à la télévision. J'ai vu son dernier match en équipe de France au Parc, alors qu'il n'avait pas dit qu'il s'agissait de ses adieux en bleu.
Par contre, comme sélectionneur, il m'a déçu car il est parti trop vite.
Ensuite, ne parlons pas de la période UEFA/ FIFA. Là, pas intéressant du tout.
J'aurais aimé une émission là-dessus.
Chut ! Pas un mot. La fameuse omerta du football.
Nous public, nous devons tout ignorer sur le graissage de patte.
Revenons sur le football donc, sa période d'activité sur le terrain.
Platini dit que si la France était allée en finale de la Coupe du monde 1986, elle aurait gagné le trophée: " En 1986, je pense qu'on était nettement meilleur de l'équipe d'Argentine de Maradona". Peut-être , mais Maradona était alors bien meilleur que Platini. Maradona a été irrésistible pendant tout le tournoi: il a été sur le coup de 11 buts sur 14 de sa sélection !
Platini dit: en 1978, "j'étais fatigué". En 1982 et 1986, "j'étais blessé". C'est un discours de loser, de perdant, pas de "tueur".
Dans l'émission, les archives nous montrent Platini se plaindre de ne plus gagner pour la joie de gagner, mais pour le pays, les sponsors, les fans, la presse... Cela s'appelle la pression !
Finalement, il l'acceptait mal.
Il dit que la Coupe du Monde c'est "10 matchs". Qu'avoir été 3 fois meilleur buteur du calcio c'est plus difficile. Là, il a raison. C'est pour cela que j'ai toujours dit que le parcours de Cantona en Angleterre fut grandiose, bien plus grandiose que le fait de remporter la Coupe du Monde 1998.
Donc Platini, grand joueur, immense joueur. Griezmann, Pogba, Mbappé et cie ne lui arrivent pas à la cheville. Des minimes à côté de sa classe.
Platini a qualifié la France pour les Coupes du Monde 1978, 1982 et 1986. De 1966 à 1974, la France restait à la maison. Il a gagné l'Euro 1984 à lui tout seul, ou presque: 9 buts ! Il a permis à la France d'organiser la Coupe du Monde 1998 et donc de la gagner ! Tout ça sont des faits. Que de l'EXTRAORDINAIRE. Il a beaucoup fait pour la France.
L'homme je ne le connais pas.
L'homme ? Tout est brouillé par l'affaire du 1, 8 M€, et par d'autres faits liés au Qatar.
J'aurais préféré voir Platini poursuivre sur le terrain comme Cruyff.
La "bureaucratie" a cassé son image de champion de la lignée de Di Stefano, Puskas, Cruyff.
Zidane a l'intelligence de ne pas tout mélanger. Il reste sur le terrain.
Zidane a désormais détrôné Platini dans le coeur des Français.
Zidane a réussi comme joueur et comme entraîneur. Demain, il sera sélectionneur. Son dernier défi, sur le terrain, encore et toujours sur le terrain.
[Post dédié à Diego Armando Maradona]
Comments